01/09/2011

En Rolls-Royce dorée

La Star. La Bentley. Le Stade.

Ci-dessus, Diane Dufresne posant devant sa Bentley 1957, au Stade Olympique de Montréal. Le 29 octobre 1982, lorsqu'elle termine son spectacle Halloween au Forum, cette Bentley l'attend, avec une lettre d'Yvon Deschamps dans le coffre à gants. Il lui témoigne son amour et son admiration et lui explique qu'il lui offre sa voiture de collection pour qu'elle n'oublie jamais comment elle fait ses spectacles. "C'était la première vraie grande star. Donc pour moi, une grande star, ça se promenait en Bentley ou en Rolls-Royce..." (Yvon Deschamps, Folie Douce, Radio-Canada, 2003)

 DD et YD en 1975 (Photo: Pierre Dury)

C'est en assistant au spectacle "Comme un film de Fellini" qu'Yvon Deschamps a une véritable révélation, même si sa rencontre avec Diane Dufresne remonte à beaucoup plus longtemps. Il est amené à croiser Diane à la fin des années 60 dans l'orbite de Clémence Desrochers, mais c'est grâce à sa femme, Judi Richards, qu'il la découvre réellement. En effet, Judi est choriste sur "Tiens-toé ben j'arrive" et accompagne régulièrement Diane sur scène. Elle participera également à "Mon premier show" et "Sans entracte". 

Les choristes de Sans entracte (à gauche: Judi Richards)

En 1980, pour "J'me mets sur mon 36" et sur les bons conseils de Judi, il décide d'offrir à Diane des douzaines et des douzaines de roses pour qu'elle les lance depuis sa fenêtre au Ritz, où elle loge temporairement. Un geste à l'image de la démesure et de la poésie de son spectacle. "Quand le spectacle a été terminé et que t'as toute cette ivresse, c'est vrai qu'il faut que tu jettes les fleurs parce que t'es tellement flyée que la seule chose que tu peux faire, c'est des choses complètement démesurées (...) J'ai attendu qu'elles s'épanouissent et je suis allé les jeter au-dessus de la montage". (Diane Dufresne, Folie Douce, Radio-Canada, 2003)

L'hommage se poursuit en 1981 lorsqu'Yvon crée un monologue intitulé "L'idole", dans son spectacle "C'est tout seul qu'on est l'plus nombreux", dans lequel il raconte de façon fantaisiste son aventure au Forum. Le numéro se termine par une chanson mise en musique par nul autre que François Cousineau, "Chanson pour mon idole".

Les chemins de Diane et d'Yvon se croiseront à quelques reprises pendant les années, que ce soit à la Fête de Québec en 1978, au Bye Bye 1996 ou au Gala hommage à Yvon Deschamps en 2007. Ils partageront la même scène en 1981, lors du Festival d'été de Québec, où ils chanteront ensemble la magnifique chanson d'Yvon, "Aimons-nous".

 DD et YD au Festival d'été de Québec en 1981
(Merci à Michel Gauthier)

"Atteindre l'art, c'est pas juste transcender ce qu'on fait, c'est en plus transporter le spectateur, l'amener ailleurs, élever son âme à un point que, tout à coup, il réalise, il ressent ce que c'est que la beauté, la grandeur, l'amour, l'infini. Et ça, très peu de gens y arrivent. Et Diane, des fois, y arrive 2 ou 3 fois dans le même spectacle, alors c'est phénoménal, et c'est pour ça qu'on peut dire que Diane Dufresne est très certainement une des plus grandes interprètes au monde!" (Yvon Deschamps, lors de la remise du Trophée Félix Hommage en octobre 2006)

Il faut dire que le plus grand humoriste du Québec sait de quoi il parle. Des années 60 jusqu'à sa retraite l'année dernière, il a su créer la magie, en monologue et en chanson, n'ayant pas son pareil pour faire rire tout en faisant réfléchir. Tout en n'hésitant pas à appuyer là où ça fait mal, là où ça dérange...Encore aujourd'hui, personne ne lui arrive à la cheville dans le paysage québécois.

Aucun commentaire: