30/05/2011

Alys Robi (1923-2011)

(Photo: "Diane Dufresne: sa vie, ses amours, sa carrière, ses spectacles", Gaëtan Racine, Quebecor, 1984)

Lady Alys Robi s'est éteinte dans la nuit de vendredi à samedi. Cette grande dame de la chanson aura connu rêves extraordinaires et revers cruels, mais aura toujours traversé les époques avec force et passion. Elle restera toujours la première star du Québec.

Même si sa vie eut droit à une télésérie et à un film, il n'y aura jamais plus bel hommage que la chanson "Alys en cinémascope" écrite par Luc Plamondon et Germain Gauthier en 1979. Une belle occasion de revoir non pas une, mais deux prestations mémorables de Diane Dufresne.

En 1980, pour J'me mets sur mon 36, "Alys" est la troisième chanson du spectacle. Une chanson très attendue, car ce moment fort de l'album Striptease n'a pas encore été interprété sur scène. Pour l'occasion, Jacques Normand, célèbre personnage de l'âge d'or du showbizz québécois, participe au spectacle en jouant le rôle du MC de la chanson. A la fin de sa performance, Diane est applaudie par Alys Robi elle-même, qui se trouve au milieu de la foule.


En 1982, pour Hollywood, la Dame de coeur fait traverser Alys de l'autre côté du rêve en enchaînant avec "Somewhere over the rainbow". Un moment qui fixe le destin d'Alys dans l'éternel et qui coupe le souffle.


 
"Tu vivais ta vie
Comme un film en cinémascope
C'était toi la reine des années quarante"

Salut, Alys.

26/05/2011

L'Art qu'on sert

"Attention, il ne faut pas parler ici de décors, mais bien d'environnement." 
(Bernard Lamarche, Le Devoir, 28 août 1997)

L'ange au-dessus de son château en carton qui occupera le Musée d'Art Contemporain du 20 août au 28 septembre 1997. Créé avec Richard Langevin, le spectacle Réservé permet à 200 privilégiés de se retrouver dans un écrin onirique où Diane Dufresne "repasse" sa carrière et présente ses nouvelles chansons. Tout en allant de l'avant en se mêlant à un nouvel univers, celui des arts visuels, intégrant sculptures et multimédia au sien. Si la place accordée aux monologues et à l'humour en déconcertent plus d'un, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un passage nécessaire, une chance de redonner à l'artiste l'envie de faire de la scène...et de retrouver ses ailes.

23/05/2011

Ce soir, j'ai l'coeur en fleur de lys


En décembre 1980, au Forum de Montréal, Diane Dufresne a entamé sa période de shows démesurés, qu'elle poursuivra jusqu'à une apothéose rose en 1984. Quelques mois plus tard, en juin 1981, "la meilleure fabricante de show" participe à deux grands spectacles en l'espace d'une seule semaine, dans les 2 plus grandes villes du Québec.


Le 24 juin, pour la fête nationale de la Saint-Jean, elle est la tête d'affiche du spectacle présenté dans le Vieux-Port de Montréal. Les 200 000 personnes présentes (et celles devant leur télévision) découvre une Diane d'Arc dont les parures métalliques font encore plus briller les élans patriotiques. 


Pendant près d'une heure, elle chante ses propres chansons et offre des interprétations de circonstance, comme I give c'que j'aime de Claude Dubois, Bozo de Félix Leclerc et Il me reste un pays de Gilles Vignault. Elle chante également Alys en cinémascope et la première star du Québec elle-même, Alys Robi, la rejoint sur scène.

(Photo: Jacques Grenier / Le Devoir)  

Le 2 juillet, elle se produit au Festival d'été de Québec, avec nul autre qu'Yvon Deschamps. Cette fois-ci, elle offre aux 150 000 personnes présentes un show aux couleurs plus hollywoodiennes. Une Diane Dufresne de plumes et de paillettes plus glam que jamais, dans la lignée de la première partie de J'me mets sur mon 36.


L'émission "Femme d'aujourd'hui" présentée à Radio-Canada en 1982 (et disponible en supplément sur le DVD de Follement vôtre) nous permet d'en voir quelques extraits.

"Ce soir, c'est Colombine qui vous dit bonsoir"

20/05/2011

J'me mets sur mon 36


Le 8 décembre 1980, Diane Dufresne devient la première chanteuse Québécoise à faire le Forum de Montréal. Le Québec ne l'a pas vue depuis plus d'un an et 17 000 personnes se mettent sur leur 36 pour créer avec elle des retrouvailles inoubliables.

Diane vient de passer la majeure partie des 24 derniers mois en France, où elle a enchaîné triomphe après triomphe. Starmania au printemps 1979, puis une série de spectacles à l'Olympia en décembre l'ont fait rencontrer des foules de plus en plus nombreuses. Plus récemment, le 24 juin 1980, elle créait l'événement au Palace de Paris en présentant un spectacle de la St-Jean pour montrer au public parisien "c'que c'était qu'une vraie Québécoise".  "Et ce soir-là, elle s'est surpassée. Comme si elle avait voulu faire de cette fête blanche et bleue, le couronnement de son long séjour en France". (Diane Dufresne a fait se pâmer 2000 privilégiés, Georges Renou, Paris-Match, 11 juillet 1980)

(Photo: Richard Jeannelle / Paris-Match)

Pendant ce temps à Montréal, le groupe Offenbach a finalement fait entrer la culture musicale québécoise au Forum en avril, en étant le premier groupe local à s'y produire. Il était temps qu'on s'approprie le lieu! Diane se fait prier pour assurer la suite, mais le projet est longtemps repoussé. Elle n'est pas prête et elle a d'autres engagements, mais l'idée finit quand même par faire son bout de chemin, jusqu'à ce qu'une date soit finalement fixée: le 8 décembre. "Je pense au Québec quand je fais le Palace, ça me donne des idées pour le Forum." (Le grand prix de la liberté, Susanne de Lotbinière-Harwood, Québec Rock, Décembre 1980)

Et des idées, elle en a à ramener! A commencer par son extravagante tenue créée par Loris Azzaro, une robe transparente à plumes blanches, qui expose divinement un de ses seins, l'autre étant caché par une fleur de lys pailletée. Pour son entrée, elle se couvre d'un manteau gonflé à l'hélium, une cape de ballons conçue par Mario Di Nardo. Le titre du show, J'me mets sur mon 36, porte bien son nom: Diane présente le meilleur d'elle-même. 36 ans, des retrouvailles et l'Immaculée Conception: ça se fête en grand!


Son entrée en scène se fait au son d'une chanson-titre créée spécialement pour l'occasion.
Une idée développée quelques années plus tôt pour Mon premier show, mais qui fait maintenant office de rétrospective. Une chanson autobiographique qui multiplie les clin-d'oeils en alignant les références à sa première décennie de carrière. "Bye bye les années 70..."

Lorsque Diane laisse s'envoler ses ballons, tout le public est ébloui par cette image extraordinaire empreinte d'une grande poésie. Ce ne sera pas la seule du spectacle, loin de là! Pour Laissez passer les clowns, elle revêtira un de ses costumes les plus mémorables. Avec le génie de Mario Di Nardo, elle deviendra reine-clown, créant un personnage absolument bouleversant: une vision saisissante, tellement grandiose qu'elle fait peur.


Entre les deux, elle est avant tout rockeuse, dans une deuxième partie enflammée (dans tous les sens du terme!) qu'elle consacre à son répertoire plus électrique. Très glam dans sa robe de Loris Azzaro, elle retrouve Elvis, son gars d'bicyc' et revisite Le parc Belmont en atteignant la folie avec ses musiciens. "J'suis devenue très enragée, parce que l'orchestre arrêtait pas de la jouer et puis, fallait que ça arrête...Plus j'criais, plus y continuaient, alors ça a été plus long!" (Confidences, DVD "J'me mets sur mon 36", 2004)


C'est en toute simplicité qu'elle termine son show, revenant sur scène en peignoir pour offrir avec toute sa vérité une dernière chanson, Ma vie c'est ma vie...non sans avoir au préalable annoncé qu'elle ferait elle-même la critique du show, pour ensuite louanger son public. Les jours suivants, elle récoltera les éloges de la presse qui lui offrira enfin la consécration qu'elle mérite.

"En un seul soir au Forum, le showbiz québécois a retrouvé sa vitalité, sa modernité et sa place dans le monde, grâce à cette femme impressionnante, qui a du courage, du coeur, du cran, du guts et qui représente l'élément le plus dynamique d'une culture en quête d'identité." (Nathalie Petrowski, Le Devoir, 10 décembre 1980)


J'me met sur mon 36 / Striptease / Alys en cinémascope / 20e étage / Les hauts et les bas d'une hôtesse de l'air / On tourne en rond / Partir pour Acapulco / Actualités / J'ai besoin d'un chum / Blue Suede Shoes / Chanson pour Elvis / Rock pour un gars d'bicyc / Mon p'tit boogie woogie / Cinq à sept / J'ai douze ans / Le parc Belmont / Laissez passer les clowns / Hymne à la beauté du monde / Ma vie c'est ma vie

16/05/2011

Dans les jeux de lumières

 (Photo: Catherine Lefebvre / Rue Frontenac)

Après une apparition exceptionnelle dans un talk-show le mois dernier, alors qu'elle se fait habituellement si rare, Diane Dufresne nous a offert non pas une, mais deux prestations télévisées en l'espace d'une semaine! On peut dire que ce printemps nous gâte...

Le 1er mai, on l'a retrouvée dans un numéro d'ouverture improbable, celui du Gala Artis 2011, où elle a fait suite à une prestation de Michel Louvain. Nul besoin de rappeler à quel point leur univers sont aux antipodes, mais le clash fut encore plus grand ce soir-là, dès que se mirent à résonner les premières notes du remix de Rock pour un gars d'bicyc'.  "Ôtez-vous de d'là!"

Diane nous a alors offert une version revampée de son grand classique, un ordinateur autour de la taille et des danseurs gravitant autour elle. Ses paroles modifiées pour commenter les multiples technologies qui envahissent nos vies furent plutôt déroutantes, mais elle nous en a mis plein la vue avec son incroyable présence, son énergie et éternel anticonformisme.


Puis, le 6 mai, une émission spéciale a été présentée à Radio-Canada: Malade!, un spectacle entrecoupé de sketches et de témoignages pour démystifier les idées préconçues entourant les troubles anxieux, dépressifs et bipolaires. Diane a offert une superbe prestation de Psy quoi encore, cette grande chanson de Catherine Major et Martine Coupal gravée sur Effusions. Sobre, mais très habitée, elle a montré une fois de plus à quel point sa voix savait porter et consoler de grands maux.

03/05/2011

Merci de votre attention et bon vol





Quelques photos prises lors du lancement de l'album "Sur la même longueur d'ondes", le 9 juin 1975, à l'aéroport de Dorval. L'hôtesse de l'air reprendra l'avion une heure plus tard pour rejoindre la Californie.