31/03/2011

Mon premier show


Du 4 au 12 novembre 1975, Diane présente Mon premier show au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts de Montréal. C'est loin d'être son premier spectacle, mais c'est le premier show qu'elle conçoit, en créant un concept qu'elle développe en supervisant chaque détail. Inspirée par la Californie où elle absorbé d'autres facettes du showbiz, elle est également prête à dévoiler toutes ses facettes à elle, forte d'une première décennie d'expérience. "Elle a eu envie d'ajouter la part de rêve à son métier" (Luc Plamondon, Folie Douce, Radio-Canada, 2003)

"Diane Dufresne nous donne vraiment son premier show, parce que c'est la première fois qu'elle va aussi loin et aussi bien. C'est vraiment son premier show professionnel, son premier grand show, parce que, de qualité internationale, rivalisant avec n'importe quel groupe anglais et capable d'en montrer à tous les petits Français, si le besoin s'en fait sentir." (Christine L'Heureux, Le Devoir, 7 novembre 1975) 

(Photos provenant de la Liste postale de Diane Dufresne)

Lorsque le show débute, Diane n'est pas sur scène, mais assise dans la salle, en quatrième rangée, et chante une nouvelle chanson, le thème du show. Un touchant récapitulatif de son parcours qui dévoile également son désir d'incarner ses rêves sur scène.

Et quand se ferm'ra le rideau
Quand s'éteindront les réflecteurs
Quand résonneront les bravos
Dans ma loge remplie de fleurs
Là, je s'rai p'têt' bien dans ma peau...
Quand j'aurai fait mon premier show!
(Mon premier show, Luc Plamondon / François Cousineau)

Une chanson révélatrice, comme celle de fermeture, On fait tous du show-business, une autre inédite. Une chanson hommage qui résume l'un des messages de fond des shows de Diane Dufresne: le public est créatif et il fait aussi partie du spectacle.


Entre les deux, Diane revisite les 10 premières années de sa carrière en laissant une bonne place à son tout dernier album, Sur la même longueur d'ondes.  Epeaulée par François Cousineau qui s'occupe des arrangements musicaux, elle partage la scène avec 5 autres musiciens (dont le fidèle Jimmy Tanaka aux percussions) et deux choristes (Judi Richards et France Castel, déjà deux pointures).

Moins femme-cartoon que lors de ses précédentes apparitions, elle dévoile sa palette de sensualité, au niveau de ses interprétations et de ses tenues de scène très glamour. Elle est à la fois star hollywodienne et femme fatale de cabaret, "...but she is still very much the shapely little girl from Hochelaga playing for the home crowd, indulging in their fantasies of glamor" (Juan Rodriguez, The Gazette, 6 novembre 1975)


Mon premier show sera non seulement très bien reçu par les critiques, mais connaîtra également un vrai succès populaire. Il sera présenté en supplémentaires les 23 et 24 janvier à la salle Wilfrid-Pelletier avant de se terminer à la Place des Nations, le 8 juillet 1976, devant 15 000 personnes. Malheureusement, aucune captation filmée ne verra le jour, mais un double-microsillon nous permettra de réentendre ces précieux premiers moments.

(Un détail de l'affiche du spectacle)

Mon premier show / J'ai besoin d'un chum / Ça m'donne les bleus / Rill pour rire / Les hauts et les bas d'une hôtesse de l'air / Partir pour Acapulco / J'me sens ben / Actualités / Un jour il viendra mon amour / J'ai rencontré l'homme de ma vie / Tu m'fais flipper / Pars pas sans m'dire bye bye / Mon p'tit boogie boogie / Chanson pour Elvis / J'ai vendu mon âme au rock and roll / Rock pour un gars de bicycle / En écoutant Elton John / La chanteuse straight / On fait tous du show business / Sortie

25/03/2011

Au diapason


À revoir ici, une grande entrevue de Dominique Poirier avec Diane Dufresne, diffusée en décembre 2007 à Radio-Canada. Dès le début, on sent que le courant passe, sans doute grâce à la spontanéité de l'animatrice qui ose affirmer ses couleurs: elle aime celle qui se trouve face à elle. L'anecdote de sa salopette rose pour Magie Rose sera le point de départ d'un échange sincère et intelligent entre les deux femmes.

Quand Dominique Poirier souligne l'évidence, à savoir qu'à travers son oeuvre, Diane a souvent été la voix des exclus, celle-ci en est très heureuse et nous surprend: "C'est drôle que vous disiez ça, puisque vous êtes la première qui faites cette remarque-là dans ma carrière" lance-t-elle avant de confier: "J'ai toujours fait les sujets que les autres ne voulaient pas. Même quand je criais, c'était pour ceux qui criaient pas."

On sent Diane en confiance et elle se livre avec beaucoup de générosité sur divers aspects de son travail. Avec aplomb aussi, abordant des sujets qui lui tiennent à coeur, comme l'environnement et les enjeux de la planète. Il faut la voir se désoler de la future disparition de l'humanité suite à d'éventuels cataclysmes puis s'exclamer: "ça va être beau! j'aime beaucoup les catastrophes. J'préfère mourir dans la beauté pis voir une vague arriver, ou le ciel qui te tombe sur la tête...C'est pas la Terre qui est fragile, c'est nous."

Pour son livre Sentiments partagés (Les éditions Québecor, 2010), Denis Rousseau a recueilli les propos de Dominique Poirier, qui se confie sur l'admiration qu'elle porte à Diane Dufresne, sa nervosité par rapport à la préparation de l'entrevue et sur l'échange exceptionnel qui eut lieu ce jour-là. Un très beau témoignage pour un livre qui l'est tout autant, rendant un hommage très original et senti à Diane Dufresne à travers les mots de ceux qui l'ont cotoyée, l'ont admirée et qu'elle a inspirés. 

19/03/2011

Oxygène

La superbe pochette de l'unique maxi de Diane Dufresne, paru chez RCA France en 1983.

Écrite par Luc Plamondon et Germain Gauthier, Oxygène naît sur l'album Turbulences en 1982. Curieusement, au Québec, la chanson n'est pas choisie comme premier extrait de l'album. C'est La dernière enfance qui est lancée et qui annonce les couleurs new wave de ce qui va suivre.

Qu'importe, Oxygène deviendra instantanément une incontournable, et probablement celle que Diane chantera le plus souvent par la suite, l'insérant dans presque tous ses spectacles. Rapidement, Diane se servira de cette chanson, qui à la base mettait des maux sur l'oppression de la vie moderne, pour crier d'autres désespoirs, ceux de la dégradation de la planète. La chanson gardera toujours un côté exaltant, symbolisant aussi l'échange d'oxygène et d'énergie entre Diane et le public...et cette urgence de vivre et de se dépasser.

Réarrangés, réinventés, dépouillés, remixés et même symphonisés: les arrangements synthétiques du début en verront de toutes les couleurs au fil des années, accompagnant les différents personnages créés par son interprète.


Pour Hollywood (1982), la Dame de coeur essouffle son public et se pousse à bout en ne ménageant pas ses forces, sautillant sur une version hautement énergique de la chanson.


Pour Magie Rose (1984), c'est le coeur de tout un stade qui bat avec elle, au son d'une longue intro (indispensable à cette longue traîne de 200 mètres!)


Pour Follement vôtre (1986), Diane offre un vidéoclip surréaliste à Oxygène et réenregistre la chanson sur des arrangements légèrement aseptisés qui serviront de point de départ à la version du spectacle Top Secret.


Pour Symphonique n'Roll (1988), Diane prend les rennes d'un orchestre symphonique, rien de moins, et donne du panache à son désormais grand classique.


Pour Détournement majeur (1993), Oxygène, au milieu d'airs frais, soulève le Forum dans une version ultra électrique.


Au Gala Artis (2008), Diane retrouve le premier degré du texte et se met pour la première fois dans la peau de sa businesswoman...qui a toujours son lot de cris à expirer!


Pour Terre planète bleue (2008) et Sinéquanone (2010), les versions proposées se rapprochent du remix adopté depuis Merci (2000), mais avec un son plus organique qui sert le propos environnemental et le questionnement humain de Diane.

En conclusion, on peut dire que, si "comme tous les matins, le soleil se lève", chaque show de Diane Dufresne apporte une bonne dose d'oxygène!

14/03/2011

Comme un film de Fellini


Du 4 au 8 octobre 1978, au Théâtre St-Denis de Montréal, a lieu "Comme un film de Fellini", le nouveau spectacle de Diane Dufresne. Elle vient de triompher à l'Olympia de Paris et ses retrouvailles avec son public québécois prennent des airs de fête. Pour la première fois, elle lui demande de se déguiser. De s'imaginer être dans un film de Fellini...Prenez-vous pour qui vous voulez!  


L'appel est entendu, et une faune haute en couleurs est au rendez-vous. Le 6 octobre, Angèle Dagenais du journal Le Devoir s'émerveille: "Tous les Draculas, les évêques, les abbés, les pin-up, les fakirs, les fées des étoiles, les clowns, les jongleurs, les marins d'eau douce, les poudrés, les fardés, les fous et les sages étaient de la fête, vêtus de plumes, de poils, de peaux, de soies comme leur idole." Tous ces personnages seront invités à monter sur scène pour montrer leurs costumes, à la fin du spectacle.

C'est aussi la première fois que Diane fait appel à des comédiens, qui accueillent le public dans le hall et se joignent à la fête dans la salle, pendant le spectacle. Une expérience qui sera répétée en 1986 pour Top Secret.

Autre première de taille: Diane interprète en avant-première des chansons qui se retrouveront sur Strip-tease, l'année d'après, dont "Le Parc Belmont", qui deviendra instantanément légendaire.

(Photo provenant de l'ancien site officiel de DD)

Le spectacle n'ayant pas été filmé, ses traces matérielles sont difficiles à trouver aujourd'hui. Restent des souvenirs et des récits publiés, qui font rêver. On sait qu'elle a ouvert le show comme une mariée avec un long voile de tulle, que la chanson "Fellini" a donné lieu à une grande ronde dans la salle, que "Chanson pour Elvis", "Love me tender" et "J'ai douze ans" ont été présentes en deuxième partie de show...Des détails, par rapport à l'expérience grandiose qu'a dû être ce show. "C'est peut-être le show le plus magique qu'elle a fait dans sa vie", résume Luc Plamondon pour Folie Douce, la série radiophonique produite par Radio-Canada en 2003.

09/03/2011

Éternelle extravagance

En janvier 1975, Photo-Journal commente les différents looks de Diane (qui en a déjà cumulé plusieurs) et Carmen Montessuit ose écrire:  "La voici au comble de l'extravagance. Elle ne pouvait aller plus loin."


Si seulement elle avait su tout ce qui allait suivre! 

(Est-ce que quelqu'un connaît la date ou l'occasion de cette performance?)

02/03/2011

Faut qu'y en aye une qui l'fasse

Si on se doute qu'au fil des années, Diane Dufresne a collaboré aux textes de Luc Plamondon en suggérant des idées ou en provoquant des concepts, ce n'est qu'en 1977 qu'elle co-écrit véritablement une de ses chansons. Et pas n'importe laquelle: "Hollywood Freak", dont la première phrase donne non seulement le ton de la chanson, mais le titre de l'album dont elle fait partie: Maman si tu m'voyais, tu s'rais fière de ta fille...Une chanson importante, un hommage très touchant à sa mère, disparue trop tôt. Cette Hollywood Freak a un rôle de star à jouer et le devoir de s'accomplir pour pouvoir faire ce que sa mère n'a pas pu faire.

 Diane, en février 1979, interprétant "Hollywood Freak" à l'émission "Numéro 1"

Il faudra attendre plus d'une décennie avant d'avoir la chance d'entendre de nouveaux mots écrits par Diane. Elle ne se sent pas prête. "Je crois que j'ai peur...(...) j'ai l'impression qu'à essayer, j'écrirais comme un bébé de 2e année B. Il y a cinq ans, j'ai décidé que je voulais commencer à lire. D'ailleurs, c'est ce que je fais, ça fait partie de ma discipline. Et quand j'aurai lu pendant dix ans, je pourrai commencer à écrire. En ce moment, je lis Miller, Virage à 80. Moi, si j'écrivais, ce serait comme ça. C'est peut-êre pourquoi je n'ose pas le faire: ce que j'écris est très dur." (Diane Dufresne all dressed, La vie en rose, octobre 1985)

Après la rupture Plamondon et la rencontre de nouveaux paroliers, on devine que Diane se cherche une nouvelle voix. Après Top Secret et Symphonique n'Roll, ses apparitions se font de plus en plus rares. Elle surprendra tout le monde en 1990 en apparaissant au spectacle de la St-Jean. Non seulement elle chante une nouvelle chanson écrite spécialement pour l'occasion, mais elle l'a écrite elle-même. "Comme un bel oiseau", sur une musique d'Yves Laferrière, est son sublime hommage à la fierté québécoise, pour que le Canada anglais ne mette "plus jamais les pieds sur mon drapeau".

La parolière prend son envol

Son Détournement majeur pointe à l'horizon. En 1991, elle confie à Nathalie Petrowski: "J'écris donc, de plus en plus. (...) Je lis, j'étudie, je me promène, je rencontre des scientifiques, je cherche. Je m'intéresse à l'environnement, bien sûr, mais de plus en plus aussi à tout ce qu'on ne voit pas, mais qui est pourtant là." (La diva de la démesure, Le Devoir, 12 octobre 1991)
La même année, sur "Sans dessous dessus" (une compilation japonaise de chansons de Follement Vôtre et de Top Secret) apparaît la chanson du même titre, écrite par Diane. Il s'agit d'une première version du Locataire, qui sera gravé sur laser en 1993. Une chanson qui, déjà, met des mots sur les préoccupations environnementales de l'artiste.


En 1992, elle passe l'automne à New York où elle peut se ressourcer et vivre de nouvelles expériences en tout anonymat. La muse sort du tableau pour s'inspirer. "Pour retrouver le goût d'chanter et me prouver que j'peux changer, j'me vide le coeur, j'viole mes idées en les couchant sur du papier." (J'écris c'qui m'chante, 1993)
Elle écrira, écrira, écrira et petit à petit, ses mots prendront la forme de paroles. Qui, grâce à Marie Bernard, deviendront des chansons. Détournement majeur sortira en avril 1993...et la parolière sera enfin lancée.

Diane, en 1993, interprétant "J'écris c'qui m'chante" au Cercle de Minuit 

"Écrire m’a permis de libérer quelque chose qui demandait à sortir. C’était là depuis toujours comme une boule, comme une douleur. Comme quoi ça prend parfois des années à extirper de soi un petit bout de l’essentiel. J’aurais pu commencer plus tôt, mais ce n’était pas le bon timing. Je trouve une joie dans l'écriture. Et la joie est un pas vers la sagesse." (Dialogue avec l'ange, Elle Québec, Novembre 1993)