23/03/2012

La femme à trois faces





Ci-dessus, des photos de Diane Dufresne et du génie créateur de l'incroyable robe-miroir, Loris Azzaro, prises par Bernard Charlon le 23 mars 1982, la veille du méga concert à l'Hippodrome de Paris, Porte de Pantin. Une photo de la session d'essayage se trouve sur le site de l'agence Gamma, ici.

Le lendemain, 6000 personnes attendent Diane sous le méga chapiteau. Un public qui, contrairement au public québécois, aura mis du temps à jouer le jeu du déguisement, mais qui semble maintenant conquis d'avance. "Une soirée fascinante sur la scène comme dans le public, qui se dresse, danse, hurle, réclame encore et toujours. Diane remercie et félicite ceux et celles qui se sont déguisés pour lui ressembler (il y avait notamment une mariée)..." ("Diane Dufresne: l'ouragan du Québec", France-Soir, 26 mars 1982)

Le public ne sera pas déçu: Diane leur offrira un show unique, présentant les chansons de Turbulences tout en revisitant quelques parties de "J'me mets sur mon 36".  Elle terminera son show en simple peignoir pour offrir une version acapella de "Fascination", qu'elle n'endisquera que 4 ans plus tard.

13/03/2012

Olympia 1978

(Photo: Michel Gauthier)

Du 13 au 19 mars 1978, Diane Dufresne est de retour à l'Olympia de Paris et cette fois-ci, elle l'occupe seule pour la toute première fois. Si elle déchaîne toujours autant les passions, le temps où elle subissait les huées d'une partie de la salle en première partie de Julien Clerc semble bien loin! Le public français a fait du chemin...

Diane aussi a fait son chemin, son spectacle n'ayant cessé d'évoluer depuis Sans entr'acte pour atteindre une apothéose rock au Campus de Montréal et à l'Elysée Montmartre de Pigalle à la fin de l'année 77. L'une des clés de ce changement est sans aucun doute sa rupture avec François Cousineau, ayant ouvert la porte à l'arrivée d'un nouveau band qui donne enfin une pleine liberté à Diane. Sous la direction de Jimmy Tanaka, Marty Simon, Bob Cohen, Jeff Fischer et Claude Arsenault donnent vie au répertoire de Diane avec des arrangements plus punchés, plus inattendus, qui complètent mieux l'attitude d'une voix qui refuse de s'enfermer dans un cadre.

"Depuis que j'ai changé de musiciens, j'ai plus de fun. Je peux m'amuser avec mes musiciens. Comme dans "En écoutant Elton John", je "dialogue" avec les musiciens. Avant, je ne pouvais rien faire du genre." ("Diane!", Québec Rock, juillet-août 1978) Ce fameux dialogue est sans doute ce qui vaudra à Diane son surnom d'époque de "voix synthétiseur", tant la facilité avec laquelle elle peut jouer avec sa voix étonne et en met plein les oreilles.

Les incroyables chansons de Plamondon et Cousineau font déjà partie de la légende, et à cet immense répertoire viennent se greffer de nouvelles perles. En hommage à Elvis tout juste disparu, "Love Me Tender" prend au coeur et complète avec justesse la "Chanson pour Elvis". Une nouveauté de taille est présentée en première partie: "Les adieux d'un sex symbol", tirée de Starmania qui n'allait voir le jour que l'année suivante. C'est également les premières interprétations de Diane de la suite "Le monde est fou", dont "L'hymne à la beauté du monde" deviendra l'hymne de toute une carrière. Le tout défendu par une interprète puisant au plus profond de son être, avec toute sa vérité, pour faire vivre ses chansons. "Je chantais en québécois et ça c'était aussi une grande fierté (...) Chanter avec le tempérament que t'as chez vous, même ailleurs, c'est grandiose." (Folie Douce, Radio-Canada, 2003)


(Merci à Addict)
Déjà sous le charme des concerts donnés à l'Elysée-Montmartre, les critiques sont encore une fois dithyrambiques et ont des répercussions jusqu'au Québec où la presse ne manque pas de saluer l'énorme accomplissement de Diane en rapportant des citations des superbes papiers rédigés par les quotidiens parisiens. Le Monde, Le Quotidien de Paris, France-Soir, Le Parisien...Les éloges pleuvent et confirment que Diane Dufresne est partie pour la gloire. "Entrez dans son cirque et vous verrez un monstre sacré. Elle est une star. Une étoile, non pas fabriquée, mais spontanée, est née." ("Une tornade blanche et noire", Norbert Lemaire, L'Aurore, mars 1978) 

Un magnifique documentaire de François Reichenbach réalisé cette année-là nous permet, entre autres choses, de voir plusieurs extraits des spectacles, ainsi qu'un entretien avec Diane qui se livre sur l'expérience qu'elle est en train de vivre. Un incontournable, disponible sur le coffret "Diane Dufresne vous fait une scène", paru chez Imavision en 2004.


Cette série de concerts sera également gravée sur disque quelques mois plus tard. Un enregistrement exceptionnel, à tel point qu'on pourrait en oublier les versions studio. Pas étonnant que plusieurs chansons aient été préférées aux enregistrements originaux pour l'anthologie "Merci", tant elles font figure de versions définitives. "C'est un disque complètement différent de l'autre qui avait été enregistré à la Place des Arts il y a 2 ou 3 ans. C'est vraiment un disque "live", pas de "dubbing" en studio pour que ça sorte mieux...Non, j'ai tout laissé là tel quel. Donc ce qu'on entend, c'est comme ça s'est passé!" (Québec Rock, juillet-août 1978) Un album simple offrant une sélection de 8 enregistrements verra d'abord le jour. Puis, un double-album plus complet, "J'me sens ben", offrira la quasi-totalité des chansons interprétées sur scène. "Un double album frémissant de vie et de chaleur de la plus vivante des chanteuses francophones de ce temps. Diane du Québec heurte, choque, émeut, frappe et entraîne." (Lucien Rioux, Le Nouvel Observateur, 30 décembre 1978)

Hollywood Freak / Chanson pour Elvis / Love me tender / Mon p'tit boogie boogie / Les adieux d'un sex symbol / J'ai besoin d'un chum / Vingtième étage / Les hauts et les bas d'une hôtesse de l'air / La main de Dieu / Partir pour Acapulco / On tourne en rond / J'me sens ben / La chanteuse straight / Berceuse pour un homme / Actualités / En écoutant Elton John / Laissez passer les clowns

11/03/2012

Prochaine Sortie


Ci-dessus, une magnifique photo de Diane (prise par Caroline Laberge à la  conférence de presse pour Plurielle) en couverture du magazine Sortie du mois de mars. Cette édition met le projecteur sur le précieux travail de l'organisme GRIS (Groupe de Recherche et d'Intervention Sociale) pour qui Diane Dufresne et les Violons du Roy donneront un concert-bénéfice intitulé "GRIS majeur" le 29 mars prochain. À feuilleter ici.

Le Journal de Québec, quant à lui, a publié une entrevue avec Diane dans son édition du 3 mars dernier. L'occasion de lire les points de vue de Diane par rapport à l'homophobie et d'apprendre qu'elle prépare présentement une nouvelle exposition...

08/03/2012

Thé ou Café

À revoir ici, une heure magnifique en compagnie de Diane Dufresne, diffusée sur France 2 le 21 mars 2010. En promotion pour Mots de tête, tout juste sorti en France chez Michel Lafon, celle qui se fait si rare à la télévision accepte de participer à l'émission "Thé ou Café" de Catherine Ceylac. Elle revient sur sa longue carrière, se confie sur ses passions et préoccupations, reçoit de beaux témoignages de deux grandes dames (Catherine Lara et Juliette Gréco) et même de la belle visite, car Hubert Reeves, une de ses plus grandes inspirations, vient faire un tour sur le plateau. L'équipe de l'émission la suit également dans sa vie parisienne, où elle visite des magasins de fournitures d'arts et se promène sur le bord du canal St-Martin.

"Thé ou Café" nous permet également d'être témoin d'un moment rare: la création d'une oeuvre de Diane. Ne reculant devant rien, dans un segment où elle a 60 secondes pour faire tout ce qui lui plaît sur le plateau (sauf prendre un café, ironiquement!), elle accepte de relever le défi de créer spontanément un tableau. Si elle n'a que 30 secondes pour créer sa "bonne femme" et qu'il s'agit d'une esquisse brute, on ne peut qu'être impressionné par l'incroyable spontanéité avec laquelle elle s'exécute et par la force de son trait. Le jeu guide sa main. On ne peut que partager l'étonnement de Catherine Ceylac devant l'humilitié de Diane: "Vous appelez ça barbouillage, vous?"

02/03/2012

Au sommet

 (Photo: Le Devoir)

Le 14 octobre 1991, Radio-Canada diffuse "Une ville au sommet" conçu par Diane Dufresne. Coup d'envoi du 3e Sommet des grandes villes du monde et prélude au 350e anniversaire de la ville de Montréal, le spectacle est présenté au Chalet du Mont Royal devant 29 maires provenant des 4 coins du monde et réunit entre autres Robert Charlebois, André-Philippe Gagnon et Louis Lortie. Avant la diffusion, comme il est malheureusement de mise depuis le début de ses shows d'un soir démesurés, Diane reçoit des critiques par rapport au budget accordé à ses délires, budget puisé à même les fonds publics, mais ne se laissera heureusement pas démonter. "On va faire un show, lundi, devant les gens des plus grandes villes du monde. Faut que ça soit beau. C'est quand même mieux, et ça coûte moins cher en bout de ligne que de faire des bombes." (La diva de la démesure, Pierre Beaulieu, Le Devoir, 12 octobre 1991)


"Une ville au sommet" permettra à Diane d'interpréter deux chansons. Sa prestation de Kabuki reverra le jour en 2004 en supplément du DVD "Symphonique n'Roll". "Le locataire" (sans doute en tant que "Sans dessus dessous", sa toute première version) aurait apparemment été le deuxième titre choisi, ce qui correspondrait aux ambitions de Diane annoncées quelques jours plus tôt: "Plusieurs artistes refusent de chanter devant des politiciens parce qu'ils ne croient plus au discours politique. Moi j'ai accepté de travailler à la conception du spectacle et d'y chanter aussi justement pour leur parler aux politiciens. Pour leur dire ce qu'on pense, nous autres, le monde ordinaire. Pour leur parler d'environnement, par exemple."