02/03/2011

Faut qu'y en aye une qui l'fasse

Si on se doute qu'au fil des années, Diane Dufresne a collaboré aux textes de Luc Plamondon en suggérant des idées ou en provoquant des concepts, ce n'est qu'en 1977 qu'elle co-écrit véritablement une de ses chansons. Et pas n'importe laquelle: "Hollywood Freak", dont la première phrase donne non seulement le ton de la chanson, mais le titre de l'album dont elle fait partie: Maman si tu m'voyais, tu s'rais fière de ta fille...Une chanson importante, un hommage très touchant à sa mère, disparue trop tôt. Cette Hollywood Freak a un rôle de star à jouer et le devoir de s'accomplir pour pouvoir faire ce que sa mère n'a pas pu faire.

 Diane, en février 1979, interprétant "Hollywood Freak" à l'émission "Numéro 1"

Il faudra attendre plus d'une décennie avant d'avoir la chance d'entendre de nouveaux mots écrits par Diane. Elle ne se sent pas prête. "Je crois que j'ai peur...(...) j'ai l'impression qu'à essayer, j'écrirais comme un bébé de 2e année B. Il y a cinq ans, j'ai décidé que je voulais commencer à lire. D'ailleurs, c'est ce que je fais, ça fait partie de ma discipline. Et quand j'aurai lu pendant dix ans, je pourrai commencer à écrire. En ce moment, je lis Miller, Virage à 80. Moi, si j'écrivais, ce serait comme ça. C'est peut-êre pourquoi je n'ose pas le faire: ce que j'écris est très dur." (Diane Dufresne all dressed, La vie en rose, octobre 1985)

Après la rupture Plamondon et la rencontre de nouveaux paroliers, on devine que Diane se cherche une nouvelle voix. Après Top Secret et Symphonique n'Roll, ses apparitions se font de plus en plus rares. Elle surprendra tout le monde en 1990 en apparaissant au spectacle de la St-Jean. Non seulement elle chante une nouvelle chanson écrite spécialement pour l'occasion, mais elle l'a écrite elle-même. "Comme un bel oiseau", sur une musique d'Yves Laferrière, est son sublime hommage à la fierté québécoise, pour que le Canada anglais ne mette "plus jamais les pieds sur mon drapeau".

La parolière prend son envol

Son Détournement majeur pointe à l'horizon. En 1991, elle confie à Nathalie Petrowski: "J'écris donc, de plus en plus. (...) Je lis, j'étudie, je me promène, je rencontre des scientifiques, je cherche. Je m'intéresse à l'environnement, bien sûr, mais de plus en plus aussi à tout ce qu'on ne voit pas, mais qui est pourtant là." (La diva de la démesure, Le Devoir, 12 octobre 1991)
La même année, sur "Sans dessous dessus" (une compilation japonaise de chansons de Follement Vôtre et de Top Secret) apparaît la chanson du même titre, écrite par Diane. Il s'agit d'une première version du Locataire, qui sera gravé sur laser en 1993. Une chanson qui, déjà, met des mots sur les préoccupations environnementales de l'artiste.


En 1992, elle passe l'automne à New York où elle peut se ressourcer et vivre de nouvelles expériences en tout anonymat. La muse sort du tableau pour s'inspirer. "Pour retrouver le goût d'chanter et me prouver que j'peux changer, j'me vide le coeur, j'viole mes idées en les couchant sur du papier." (J'écris c'qui m'chante, 1993)
Elle écrira, écrira, écrira et petit à petit, ses mots prendront la forme de paroles. Qui, grâce à Marie Bernard, deviendront des chansons. Détournement majeur sortira en avril 1993...et la parolière sera enfin lancée.

Diane, en 1993, interprétant "J'écris c'qui m'chante" au Cercle de Minuit 

"Écrire m’a permis de libérer quelque chose qui demandait à sortir. C’était là depuis toujours comme une boule, comme une douleur. Comme quoi ça prend parfois des années à extirper de soi un petit bout de l’essentiel. J’aurais pu commencer plus tôt, mais ce n’était pas le bon timing. Je trouve une joie dans l'écriture. Et la joie est un pas vers la sagesse." (Dialogue avec l'ange, Elle Québec, Novembre 1993)

2 commentaires:

Unknown a dit…

très joli site !
malheureusement je n'ai jamais entendu la version "sans dessous dessus", et je l'ai cherché... Peux tu en mettre un extrait sur ton site ?

Top Secret a dit…

Hélas, je ne l'ai jamais entendue non plus...j'en ai seulement entendu parler!
Si quelqu'un a la gentillesse de la partager, je la partagerai à mon tour.
En attendant, merci pour le compliment et ce tout premier commentaire!