15/09/2011

Détournement majeur


Ci-dessus, Diane Dufresne en plein Détournement majeur, photographiée par Marianne Rosenstiehl. 

Si l'on exclut "Sans desous dessus" (une compilation distribuée au Japon en 1991 qui n'offrait qu'une seule nouvelle chanson), Diane sort d'un long silence de 6 ans sur disque le 8 avril 1993. Et comme toujours, on l'espérait, mais elle arrive là où on ne l'attend pas. Elle a non seulement composé tous les textes, mais a quitté le 7e ciel de Follement vôtre et de Top Secret pour se retrouver les deux pieds sur terre. "Et quand je dis terre, j'parle du ciment"...

Diane avait pourtant chanté des sujets difficiles par le passé, mais peut-être que beaucoup se laissaient simplement divertir par ses différents rôles. Avec Détournement majeur,  elle retire tous ses masques et se met à nu en chantant ses mots, des textes particuliers, bien à elle, qui nous la révèlent comme jamais. Curieusement, certains sont surpris de découvrir une parolière aussi engagée, visiblement remuée par le monde qui l'entoure. Surpris aussi par la structure des chansons, moins accessible, peu formatée pour les diffusions commerciales. "Quand j'ai sorti Détournement, je me suis dit qu'après 30 ans de métier, j'avais bien le droit de faire une chanson de six minutes." ("Le don de soi", Voir, 29 avril 1999) 
 
À Laurent Saulnier du journal montréalais Voir, elle explique: "On est dans une époque assez heavy. Apocalyptique. J'ai 48 ans et je suis pas pour raconter des histoires. Je peux apporter du rêve quand même, mais ça va être dans le cadre du temps présent. Je suis de mon temps avec mon âge. C'est cru quand on regarde les nouvelles. C'est cru quand on regarde les gens en politique qui nous prennent tous pour des cons et qui ne font rien pour nous. C'est cru que le monde n'ait pas de conscience." Curieux que ses mots n'aient pas pris une ride aujourd'hui et soient malheureusement toujours d'actualité...

L'écoute est un voyage en véritable zone de turbulences. Mais comme toujours avec Diane, plusieurs se reconnaissent dans ce qu'elle a créé et en sortent inspirés. "Elle a pris tous ces tabous, les a mis dans son chapeau pour en faire des chansons, parlant de la fin de siècle inquiétante qui est la nôtre, afin de l'exorciser en la nommant. Ça a donné Détournement majeur." (Odile Tremblay, Le Devoir, 10 avril 1993)

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